Surendettement : causes, conséquences, procédure et solutions

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Le surendettement touche chaque année de nombreux débiteurs, particuliers comme professionnels. Sur l’année 2020, crise sanitaire oblige, le nombre de dossiers déposés a toutefois baissé de 24 % par rapport à 2019. Les chiffres n’en restent pas moins alarmants : 105 184 dossiers acceptés, pour 108 731 demandes. Qu’implique le surendettement ? Comment y faire face et parvenir à rembourser sa dette ? Quelles aides pour l’éviter ? Quelle protection ? Quels droits ? Younited Credit vous répond sans langue de bois.


Comment définir le surendettement ?


Le surendettement correspond à une situation d’endettement excessif
au cours de laquelle une personne ne peut plus honorer ses dettes.

Seules certaines dettes peuvent faire l’objet d’une procédure de surendettement. Il peut être question :

  • Du remboursement des crédits contractés, que le ou les créanciers soi(en)t une banque, un organisme de crédit ou une personne de l’entourage (parent, ami…) ;
  • Du paiement des dettes de la vie courante, notamment celles relatives au logement (eau, électricité, loyer…) ;
  • Du paiement des dettes fiscales ;
  • De la prise en charge du remboursement des dettes d’une autre personne, à la suite d’un engagement de caution.

Sont en revanche strictement exclues :

  • Les dettes légales, telles que la pension accordée ou versée dans le cadre d’un divorce, ou la pension versée en application de la loi (entre parents, notamment) ;
  • Les dettes pénales (amendes, dommages-intérêts…) ;
  • Les dettes sociales, comme celles contractées auprès des services d’action sociale de la caisse d’allocations familiales (CAF), par exemple.


Ces dettes sont néanmoins prises en compte pour évaluer l’état d’endettement du débiteur.


Gestion du budget, choix du crédit… : comment en arrive-t-on à être surendetté ?


La mauvaise gestion du budget est la première raison à laquelle on pense, mais c’est loin d’être la seule ni même la plus répandue. Les personnes en difficulté sont aussi et surtout celles dont les revenus sont insuffisants pour faire face aux dépenses courantes, et qui ont contracté un ou plusieurs crédits justement pour tenter de s’en sortir. Nous en venons au mauvais choix en matière de crédit bancaire, notamment du côté des crédits à la consommation

On pense en particulier au crédit renouvelable, qui représente de loin le crédit à la consommation le plus néfaste pour le budget. Les principaux pièges de ce type de crédit ? Un taux non seulement élevé (frisant souvent le taux d’usure), mais également variable. Ce taux est donc régulièrement réévalué, et malheureusement, le plus souvent à la hausse. Résultat, le montant du crédit atteint des sommets. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le crédit renouvelable est en cause dans environ 70 % des dossiers de surendettement.


Quelles sont les conséquences d’un surendettement ?


Outre un budget dont la maîtrise échappe totalement au débiteur concerné, le surendettement engendre bien d’autres difficultés. Citons :

  • La perte d’indépendance financière (la personne sera tributaire des aides financières apportées et devra limiter ses dépenses au maximum) ;
  • L’exclusion sociale (isolement forcé pour éviter de dépenser et d’avoir à se justifier) ;
  • L’atteinte psychologique, due au stress insoutenable engendré par la situation.

Mais les conséquences peuvent être plus graves encore. La personne surendettée, qu’elle soit locataire ou propriétaire, peut aussi être expulsée de son logement.


Quelles aides pour prévenir le surendettement ?


Prendre un garant au moment de souscrire un crédit bancaire est une première solution. À défaut de protection, ou pour éviter que le garant n’ait à intervenir et à supporter le remboursement de votre crédit à votre place, vous pouvez encore vous retourner, à condition de vous y prendre suffisamment tôt. C’est-à-dire lorsque votre endettement commence à peine à peser sur votre budget…

Si sa situation financière n’est pas « désespérée », le débiteur peut en effet envisager une opération financière bien spécifique, ou plutôt deux, pour échapper au surendettement : le rachat ou le regroupement de crédits. Dans le cas d’un regroupement, la dette est regroupée par l’un des créanciers. Dans le cas d’un rachat de crédits, c’est une banque ou un organisme de crédit concurrent qui se charge du regroupement. Toujours est-il que le taux global, en comparaison des crédits antérieurs, pourra être revu à la baisse. Cela constitue en soi une protection puisque de fait, il est possible de compenser l’allongement de la durée de remboursement et, dans le meilleur des cas, de réduire le montant du nouveau crédit bancaire par rapport aux anciens. D’une pierre trois coups, le débiteur diminue son taux d’endettement, gagne en pouvoir d’achat et réalise des économies.


Le dépôt d’un dossier de surendettement est inéluctable : quelle est la procédure  ?


La procédure de traitement d’un dossier de surendettement est 100 % gratuite. Elle se divise en deux grandes étapes.

1. La saisie de la commission de surendettement


Le dépôt d’un dossier de surendettement s’effectue auprès de la commission de surendettement des particuliers, par l’intermédiaire de la succursale de la Banque de France
du département dans lequel le débiteur est domicilié. Cette démarche est ouverte uniquement aux débiteurs de bonne foi. Par « bonne foi », il faut ici comprendre :

  • Ne pas avoir fait en sorte de se retrouver dans cette situation ;
  • Établir une déclaration sincère.

La Banque de France effectuera les vérifications nécessaires et ne transigera pas !

Il est aussi nécessaire que le débiteur :

  • Soit majeur (ou à défaut, qu’il soit émancipé) ;
  • Soit Français (peu importe qu’il soit domicilié en France ou à l’étranger) ou impérativement domicilié en France s’il est étranger ;
  • Exerce une activité professionnelle autre qu’indépendante.

Bon à savoir : la marche à suivre pour les indépendants
Les travailleurs indépendants (micro-entrepreneurs, commerçants, artisans, etc.)  relèvent d’une tout autre procédure : le dépôt de bilan. Celui-ci est à effectuer auprès du tribunal judiciaire ou du tribunal de commerce.

En vertu de l’article de loi L752-2 du Code de la consommation, le dépôt d’un dossier de surendettement entraîne une inscription à un fichier bien spécifique : le fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP). Ce fichier centralise, comme son nom l’indique, toutes les informations relatives aux incidents de remboursement de crédit, mais aussi les mesures de traitement mises en place.

2. La recevabilité ou non du dossier de surendettement


Le dossier du débiteur peut être jugé recevable ou non recevable par la commission de surendettement
. Cette dernière doit se prononcer dans un délai de 3 mois. En cas de non-recevabilité, seul le débiteur en est averti. Il dispose alors d’un délai de 15 jours pour faire appel de la décision. En cas de recevabilité, une notification est effectuée auprès du débiteur, mais aussi :

  • Des créanciers ;
  • De la banque chargée de la gestion de ses comptes ;
  • Et de la Caisse d’allocations familiales ou de la Caisse de mutualité sociale agricole (MSA) dont il dépend.

À partir de là, plusieurs cas de figure peuvent se présenter. La solution envisagée par la commission dépend du degré de surendettement, et donc de la gravité de la situation.

La commission estime que la dette est remboursable

Dans ce cas, elle peut proposer :

  • Soit une conciliation, via un plan conventionnel de redressement si le débiteur possède un bien immobilier (objectif : alléger le poids de la dette par report ou remise de celle-ci, par exemple) ;
  • Soit ce que l’on appelle des mesures imposées s’il ne possède pas de bien immobilier (objectif : rééchelonner, suspendre, voire effacer, une partie de la dette, réduire le taux d’intérêt bancaire des crédits…).

La commission estime que la dette n’est pas remboursable

Ici, elle proposera :

  • Soit un rétablissement personnel sans liquidation judiciaire, si la personne surendettée ne possède pas de patrimoine susceptible d’être vendu (la dette est alors effacée) ;
  • Soit un rétablissement personnel avec liquidation judiciaire, si elle en possède un (les biens sont alors vendus pour rembourser la dette).


Procédure de saisie engagée avant ou après le dépôt de mon dossier de surendettement : une solution ?


Dans le cas où une procédure de saisie a été mise en place par les créanciers, une suspension de plein droit reste possible, sur demande du débiteur.

Les demandes de suspension de saisie recevables


Le juge peut autoriser la suspension de quatre types de saisies seulement :

  • La saisie-attribution, c’est-à-dire le remboursement immédiat du montant dû aux créanciers ;
  • La saisie-vente, consistant pour les créanciers à saisir, puis à vendre les biens mobiliers de la personne surendettée de manière à éponger la dette, et donc, à se rembourser ;
  • Une saisie sur les revenus, couramment appelée saisie sur salaire ou saisie des rémunérations ;
  • La saisie d’un bien immobilier (dite saisie immobilière).


Quid des dettes professionnelles ?


Les dettes professionnelles peuvent elles aussi être effacées, via une procédure de traitement spécifique appelée rétablissement professionnel. C’est en quelque sorte une protection pour les entreprises, car cela leur permet d’éviter la liquidation judiciaire. Peuvent faire l’objet d’un effacement, non seulement les dettes professionnelles, mais également les dettes personnelles de l’entrepreneur.

Pour tenter d’obtenir l’effacement de leurs dettes professionnelles comme personnelles, les entrepreneurs doivent en faire la demande au moment de déposer le bilan. Ils sont ensuite normalement convoqués au tribunal sous 15 jours, mais ce délai peut varier selon les tribunaux.

Dans le cas d’une procédure de saisie sur bien immobilier, la prise d’effet de la suspension peut intervenir dès le dépôt du dossier de surendettement, à condition qu’une date de mise aux enchères dudit bien immobilier ait été fixée. L’expulsion du débiteur est donc elle aussi automatiquement suspendue.

À noter : et lorsque le débiteur est locataire de son logement ?
La suspension d’expulsion du débiteur peut ici prendre effet à partir du moment où la recevabilité de son dossier est actée.

Dans les trois autres cas (saisie-attribution, saisie-vente, saisie sur les revenus), la procédure de traitement peut être suspendue dès que le débiteur dépose son dossier de surendettement à la Banque de France et sans condition.

Les démarches


Pour avoir le droit de suspendre les saisies en cours, les débiteurs doivent solliciter l’intervention de la commission (article de loi L721-4 du Code de la consommation), laquelle saisira le juge, qui est ici seul décisionnaire. Si la situation est urgente, la saisine peut être effectuée par le président de la commission, son délégué, ou bien alors par le représentant local de la Banque de France.

La durée de suspension de la saisie

La durée de suspension court, selon les cas (et dans la limite de 2 ans) :

  • Jusqu’à la date d’approbation du plan conventionnel de redressement ;
  • Jusqu’à la date de décision des mesures imposées ;
  • Jusqu’à la date de jugement prononçant un redressement personnel sans liquidation judiciaire ;
  • Jusqu’à la date de jugement ouvrant une procédure de rétablissement personnel avec liquidation judiciaire.

Au cours de la période de suspension, les créanciers n’ont pas le droit d’engager une nouvelle procédure de procédure de saisie à l’encontre de la personne surendettée.


Comment obtenir de l’aide pour monter mon dossier de surendettement ?


Les forums d’entraide consacrés à ce sujet peuvent être d’une aide précieuse aux débiteurs en difficulté. Ils pourront échanger avec des consommateurs ayant vécu la malheureuse expérience du surendettement et étant, de fait, familiers à tout ce qui entoure sa procédure. Pour le montage de leur dossier, les débiteurs peuvent aussi se rapprocher :

  • Du centre communal d’action sociale (CCAS) de leur département ;
  • De leur mairie ;
  • D’un point conseil budget (PCB) ;
  • De leur caisse d’allocations familiales ;
  • De leur office HLM ;
  • Ou encore de la Banque de France elle-même.

Une procédure de surendettement entraîne des conséquences plus ou moins lourdes. Anticiper de potentielles difficultés de remboursement est primordial pour la santé financière de la personne. Des aides existent pour rétablir la situation avant qu’il ne soit trop tard. Ayez-y recours.


Ce qu’il faut retenir sur le surendettement :

  • Il correspond à un endettement excessif rendant impossible le remboursement ou le paiement des dettes contractées ;
  • Certaines dettes sont strictement exclues de la procédure de surendettement ;
  • Le dépôt d’un dossier auprès de la Banque de France implique, sur demande du débiteur, la suspension immédiate des procédures de saisie.